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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/115

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avoit encore à dire. Il se fit un très-long silence ; le comte, visiblement agité, dit enfin : — Ce seroit une délicatesse cruelle que de persister à me taire ; je dois vous dire que deux fois les extravagances du chevalier l’ont fait conduire dans les prisons de Paris ; il en a été retiré, m’ont dit des personnes dignes de foi, par une certaine comtesse bien connue, et avec laquelle il vivoit encore quand j’ai quitté Paris.

Le comte cessa de parler ; et regardant Emilie, il s’apperçut qu’elle tomboit de son siège : il la soutint ; elle étoit évanouie ; il éleva la voix pour appeler du secours : ils étoient fort loin du château ; il craignoit de la laisser pour aller chercher du monde ; c’étoit pourtant le seul parti à prendre. Voyant enfin une fontaine assez proche, il s’efforça d’appuyer Emilie contre l’arbre, pendant qu’il iroit chercher de l’eau. Il étoit fort embarrassé, n’ayant rien pour apporter cette eau ; mais tandis qu’il la considéroit avec une extrême inquiétude, il crut voir dans ses traits qu’elle commençoit à respirer. Il se passa néanmoins beaucoup de temps avant qu’elle reprît connoissance ; alors elle se trouva soutenue, non par le comte, mais par Valancourt ; il observoit tous ses mouvemens avec un regard effrayé, et lui adres-