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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/147

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mais je pensai que c’étoit la voix de madame, et les larmes me vinrent aux yeux. Je l’avois entendue chanter pendant sa vie, et elle avoit une très-belle voix : je pleurois quelquefois en l’entendant, quand assise dans son oratoire, et tenant son luth, elle chantoit le soir des romances si tristes, et de quels accens ! oh ! cela alloit au cœur, J’écoutois de l’antichambre. Dans l’été, la fenêtre ouverte, elle chantoit quelquefois une heure de suite ; quand j’entrois pour fermer, elle ne se doutoit pas du temps qu’elle y avoit passé. Mais comme je le disois, mademoiselle, continua Dorothée ; quand j’entendis pour la première fois cette musique, je pensois qu’elle venoit de madame, et je l’ai encore souvent cru depuis que je l’ai entendue par intervalles : elle avoit cessé depuis quelques mois, mais la voilà revenue.

— Il est extraordinaire, observa Emilie, que l’on n’ait point encore découvert quel est le musicien.

— Oh ! mademoiselle, si c’étoit une personne naturelle, on la connoîtroit depuis long-temps ; mais qui auroit le courage d’aller suivre un esprit ? et même quand on seroit assez hardi, à quoi cela mèneroit-il ? Les esprits, vous le savez, mademoiselle,