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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/153

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qu’elle aimeroit mieux le parcourir d’abord avec Emilie seule. Elle promit donc de lui montrer le tableau.

La nuit étoit trop avancée, et Emilie trop affectée du récit qu’on venoit de lui faire, pour visiter si tard l’appartement ou cet événement s’étoit passé. Elle pria Dorothée de venir la nuit suivante, à une heure où on ne pût la voir, et de la conduire. Outre son désir de voir le portrait, elle sentoit une pressante curiosité de voir la chambre où la marquise étoit morte, et qui, suivant le rapport de Dorothée, étoit restée dans le même état où elle étoit lors de l’enterrement. L’émotion que l’attente d’une telle scène lui causoit étoit alors conforme à l’état de son esprit. Elle étoit accablée du changement de son sort ; les objets rians ajoutoient à sa mélancolie, au lieu de la dissiper : peut-être avoit-elle tort de pleurer si amèrement un malheur qu’elle n’avoit pu éviter ; mais aucun effort de raison ne pouvoit lui laisser voir avec indifférence l’abaissement de celui qu’elle avoit jadis estimé autant qu’aimé.

Dorothée promit de revenir la nuit suivante avec les clefs de l’appartement ; elle souhaita le bonsoir à Emilie, et se retira.