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Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/23

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— Je vins en Italie, madame, dit Dupont, au service de mon pays. Un engagement dans les montagnes, avec les bandes de Montoni, mit en déroute mon détachement. Je fus pris avec quelques-uns de mes camarades. Quand on m’apprit que j’étois captif, le nom de Montoni me frappa. Je me rappelai que votre tante avoit épousé un Italien de ce nom, et que vous les aviez suivis en Italie. Ce ne fut pourtant que long-temps après que je fus certain, madame, et que ce Montoni étoit le même, et que vous habitiez sous le même toit que moi. Je ne vous fatiguerai pas en vous peignant mon émotion lorsque j’appris cette nouvelle. Je le dus à une sentinelle, et je sus le gagner au point de m’accorder plusieurs jouissances, dont l’une sur-tout m’importoit extrêmement, et n’étoit pas sans danger pour cet homme. Il persista pourtant à ne se charger d’aucune lettre, et à refuser de me faire connoître à vous. Il trembloit d’être découvert, et d’éprouver toutes les vengeances de Montoni. Il me fournit les occasions de vous voir plusieurs fois. Vous en êtes surprise, madame, et je vais m’expliquer mieux. Ma santé souffroit extrêmement du défaut d’air et d’exercice, et j’obtins à la fin, ou de la pitié ou de l’avarice, le