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Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/16

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réclamoient avec trop de fracas les droits de l’égalité et le redressement des abus, il n’y auroit pas de raison pour que les hommes de couleur libres comme eux, ne demandassent aussi la même faveur ; qu’alors toute subordination étant rompue entre ces mêmes hommes de couleur et les blancs ; il n’y avoit plus de salut pour la colonie accoutumée à un système aussi faux que destructeur. Le peuple blanc de la colonie ralentit ses mouvemens ; mais l’adroit gouvernement et ses agens voulant tirer tout le parti possible de cette espèce de cette espèce de stupeur, et montrer combien il étoit dangereux de parler d’égalité de droits dans les colonies, firent répandre le bruit que déjà les hommes de couleur complotoient pour agir de force et de violence, afin d’obtenir les droits dont la révolution devoit faire jouir tout citoyen. Des lettres même furent écrites d’ici par les députés de Saint-Domingue, coalisés avec la cour, et que nous reconnoissons aujourd’hui être des partisans du royalisme et de l’ancien gouvernement. Ces lettres jettèrent l’alarme dans les colonies  ; elles portoient de se méfier des citoyens de couleur ; qu’ils avoient de mauvaises intentions[1]. Il n’en fallut pas davan-

  1. Lettres des Députés Colons blancs à l’assemblée constituante. Écrite de Versailles en date du 12 août 1789.