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Page:Raimond - Mémoire sur les causes des troubles et des désastres de la colonie de Saint-Domingue, 1793.djvu/22

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retracer avec exactitudes tous les faits, et montrer à découvert tous les ressorts que ces différens individus ont fait agir pour arriver à leurs fins respectives.

La première observation à faire, c’est que le ministère de ce tems, d’intelligence avec les députés colons non-seulement ne prit pas les mesures d’exécution indiquées dans les instructions qui suivirent le décret du 15 mai 1791, mais même ne l’envoya pas officiellement. Il fit plus, d’accord avec les Lameth, les Barnave, etc. Le ministre de la marine (Bertrand), je crois, arrêta, de son chef, les commissaires nommés pour faire exécuter ce décret : ceux-ci eurent ordre d’attendre dans le port, où ils étoient rendus, les ordres du comité des colonies, que Barnave présidoit. Qu’arriva-t-il de ce retard ? C’est que les députés colons coalisés, comme je l’ai dit, avec le ministre de la marine, écrivirent dans les colonies à leurs agens, de manière à empêcher l’exécution du décret, si jamais il y parvenoit officiellement. Ce décret, quoiqu’il ne donnât pas la même extension des droits aux citoyens de couleur, que la loi du 4 avril, auroit cependant rendu la paix aux colonies, parce qu’alors tous les individus sincèrement attachés à la France, à la révolution et à l’ordre, se seroient joints aux citoyens de cou-