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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/267

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politique allemande, Roscher, appelle « le plus grand économiste allemand du XVIIIe siècle », c’est Justus Moeser (1720-1794), très prisé par Gœthe[1] et auteur d’une série de fragments intitulés Patriotische Phantasien, qui, publiés en 1774, jettent un jour intéressant sur beaucoup d’institutions sociales léguées par le moyen âge. Mœser les entoure d’une sympathie qui a tous les caractères de la vénération, et il ne se montre nullement enthousiasmé de l’ère nouvelle d’industrialisme et de progrès que l’on sent déjà bien près de s’étendre sur le monde.


II

ADAM SMITH

Né en 1723 à Kirkcaldy, dans le comté de Fife en Écosse, fils d’un modeste contrôleur des douanes, Adam Smith fit ses études, d’abord à l’Université de Glascow, de 1737 à 1740, puis à celle d’Oxford, de 1740 à 1747. Il était destiné à la carrière ecclésiastique : mais sa liaison avec Hume et d’autres philosophes donna une direction plus indépendante à ses pensées. Smith revint en Écosse et ouvrit à Edimbourg, en 1748, des cours libres de littérature, qui commencèrent à fixer heureusement l’attention sur lui.

En 1751, il était nommé professeur à l’Université de Glascow, pour y enseigner d’abord la logique et ensuite, à partir de 1752, la philosophie morale. Sa Théorie des sentiments moraux, qui parut en 1759, le rangea parmi les philosophes les plus en vue de l’école écossaise. Ce livre devait rester son œuvre préférée : elle eut cinq éditions de son vivant, et lui-même ne cessa jamais de la mettre au dessus de sa Richesse des nations, bien que ce

  1. Wahreit und Dichtung, 1. XIII.