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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/310

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de tourner à la théosophie. Mais la crainte de la surpopulation est souvent exprimée chez les écrivains socialistes, et les procédés néo-malthusiens n’y sont pas désavoués, tout au contraire. Sur ce point là, un des auteurs les plus curieux et les plus cyniques est précisément l’Irlandais William Thompson, le représentant le plus illustre du communisme oweniste[1].

Le système de Malthus, si on veut le discuter de près, et en le dégageant de la portée pratique qu’il peut avoir, doit être scindé nettement en ses deux formules. Il y a la thèse physiologique sur l’accroissement numérique des vies humaines ; il y a la thèse économique sur le rapport entre le nombre des hommes et la quantité de subsistances qu’ils peuvent produire. Nous distinguerons donc ces deux points de vue.

La thèse économique de Malthus a trouvé son adversaire le plus connu dans Carey[2], d’après lequel la productivité croîtrait au moins en proportion exacte avec la densité de la population. Mais il est prématuré d’en parler ici ; nous aurons à y revenir, comme nous aurons à discuter les diverses explications qui sont fournies du ralentissement de la natalité depuis le temps où écrivait Malthus. Est-ce là un démenti de sa formule théorique ou bien une application plus ou moins exagérée et faussée de ses conseils ?

    en langue anglaise, sans parler des traductions. — M. Paul Leroy-Beaulieu a de bonnes pages sur les néo-malthusiens (Traité théorique et pratique d’économie politique, 2e éd., t. IV, pp. 518 et s.).

  1. Auteur de An inquiry into the principles of the distribution of wealth most conducive to human happiness, 1824, et de Practical directions for the speedy and economical establishment of communities on the principles of mutual cooperation, 1830. — Sur Thompson, voyez le Handbuch des Socialismus de Stegmann et Hugo, qui fait grand cas de lui, pp. 797 et s., et pp. 68 et s. — Voyez le chapitre que M. Denis lui consacre dans son Histoire des systèmes économistes et socialistes, t. II, IIe époque, ch. vii, et particulièrement § 5.— Thompson disait déjà : « La tendance à la multiplication de l’espèce accompagne certainement l’accroissement du bien-être, mais la tendance à la multiplication imprévoyante a certainement diminué » (Cité par Denis, p. 530).
  2. Carey, The past, the present, the future, 1818, ch. ii, « Man and food », et Principes de science sociale.