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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/40

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CHAPITRE II

LE MOYEN ÂGE

I

LE CHRISTIANISME ET L’ÉCONOMIE POLITIQUE

Une ère nouvelle se levait sur le monde. En réhabilitant le travail manuel, le christianisme contribuait à soutenir et à développer la production. En adoucissant la puissance dominicale, en relevant l’esclave à ses propres yeux comme a ceux de son maître, en éveillant chez, lui le sentiment de sa responsabilité et de son devoir, le christianisme le formait peu à peu pour la liberté. En comblant les abîmes qui avaient séparé les classes les unes des autres, il préparait d’abord, puis lentement il réalisait l’ascension, de tous les hommes à l’égalité juridique. Enfin, dans le domaine de la morale domestique il combattait le fléau de la dépopulation et du vice par les seuls remèdes qui peuvent être efficaces et pratiques. Des calamités de tout ordre, contre lesquelles il était lui-même impuissant et désarmé, ont fondu sur le monde romain : s’il n’a pas eu le pouvoir de les conjurer, il a eu le mérite, plus grand encore, de civiliser les Barbares, de relever les ruines et de conserver intact le trésor des vérités les plus hautes et les plus précieuses. Enfin, ne fût-ce qu’au point de vue qui nous occupe, l’histoire des grands ordres monastiques reste une des pages les plus originales et les plus glorieuses que l’Église catholique ait jamais écrites.

Ajoutons que le christianisme apportait, au point de vue moral, une force toute nouvelle par le caractère nette-