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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/425

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de la richesse privée se trouve exprimée par lord Lauderdale[1] dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse publique et sur les moyens et les causes de son accroissement (1804). Lauderdale cherchait surtout à combattre Adam Smith : le titre seul qu’il donnait à son ouvrage et qui était calqué, à quelques mots près, sur le titre adopté par Smith, suffirait à faire pressentir chez lui cette constante intention.

D’après Lauderdale, la richesse privée « consiste en tout ce que l’homme désire comme agréable ou utile pour lui-même et qui n’existe qu’en un certain degré de rareté ». La richesse publique consiste bien aussi « en tout ce que l’homme désire comme agréable ou utile pour lui[2] » : mais l’élément de rareté, qui fait partie du concept de richesse privée, ne fait pas partie du concept de richesse publique. Lauderdale cependant n’a pas encore l’idée de nation et d’économie politique nationale : comme le dira Daniel Raymond, « quoique lord Lauderdale ait conçu une vague notion de la différence entre la richesse privée et la richesse publique, il n’a su tenir compte ni de l’unité de la nation, ni de l’unité de ses intérêts qui en est la conséquence. Il n’a pas réussi à établir la distinction qu’il avait imparfaitement entrevue[3]. »

Aussi Daniel Raymond (1786-1849) serait-il un inspirateur beaucoup plus immédiat et plus probable de List. Originaire du Connecticut et avocat à Baltimore, Raymond publia en 1820 ses Thoughts on political economy[4], qui eurent un grand retentissement en Amérique et qui lui

    aussi (Histoire de l’économie politique, p. 245) conjecture que List a dû connaître le rapport d’Hamilton sur la protection industrielle.

  1. Lord Lauderdale (1759-1839), ami de Fox et adversaire de Pitt, était partisan de la Révolution française. — Son ouvrage a été traduit en français. Le titre anglais était : An inquiry into the nature and origine of public wealth and into the means and causes of its increase. Lord Lauderdale (1759-1839), ami de Fox et adversaire de Pitt, était partisan de la Révolution française. — Son ouvrage a été traduit en français. Le titre anglais était : An inquiry into the nature and origine of public wealth and into the means and causes of its increase.
  2. Lauderdale, op. cit., pp. 56-57 de l’édition anglaise.
  3. Daniel Raymond, Thoughts on political economy, 2e édit. (entièrement refondue), 1823, pp. 174-175.
  4. Pensées sur l’économie politique.