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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/438

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en agriculture demandent le libre commerce avec les pays plus civilisés. Les derniers stades de l’ascension réclament la liberté si les autres nations en jouissent, s’il y a égalité avec elles dans le développement parallèle des industries et s’il n’y a pas d’entraves de droit ou de fait à la réciprocité des échanges ; mais si toutes ces conditions ne sont pas réunies, il faut un régime protecteur. Les droits de douane doivent débuter faibles, pour ne protéger que les industries capables de naître ; ils doivent être augmentés à mesure que le pays devient apte à se suffire industriellement ; ils doivent ensuite décroître ou disparaître quand le pays lutte à armes égales ou supérieures. Cette dernière phase est celle où est parvenue maintenant l’Angleterre qui a raison d’être libre-échangiste. Quant aux droits protecteurs, s’il en faut, ils peuvent être ou bien éducateurs, c’est-à-dire provisoires, ou bien définitifs et permanents.

List insiste beaucoup sur la confédération du travail, consécutive à sa division[1]. À cet égard il critique très vivement Smith et son école, comme coupables de ne pas avoir montré que la division du travail, si elle est un moyen d’en accroître la productivité, ne l’est cependant qu’à la condition que l’unité soit encore reconstituée par la direction de l’entrepreneur. De même pour les nations. Il leur faut la multiplicité des industries, à l’image de la division matérielle ou parcellaire du travail — et ici viennent de fort bonnes pages sur la solidarité des industries entre elles et sur les avantages des régimes complexes : mais il faut aussi que l’unité soit reconstituée dans la nation considérée comme un atelier[2].

  1. Op. cit., pp. 13, 133 et s.
  2. « Le principe de la division du travail a été imparfaitement saisi jusqu’à présent ; sa productivité ne consiste pas dans la division des différentes opérations entre plusieurs individus : elle consiste bien davantage dans l’union matérielle et morale de ces individus en vue d’un but commun… Il y a partage du travail et confédération des forces productives dans un