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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/548

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souci de l’exiguïté d’un monde trop petit pour l’humanité ; pour Bastiat, enfin, que la crainte très légitime du socialisme jetait dans l’enthousiasme d’une liberté pleine d’harmonie et de bienfaits.

Hildebrand avait déjà fait paraître, en 1848 son Économie nationale du présent et de l’avenir[1], conçue dans le même esprit. Hildebrand a jeté aussi dans le monde économique une classification des états sociaux qui lui a survécu. C’est la distinction entre une Naturalwirthschaft (ou économie naturelle) et une Geldwirthschaft (ou économie monétaire), selon que les marchandises et les services sont ordinairement payés en denrées ou payés en argent, ou plus exactement selon que les produits sont consommés la plupart du temps avant échange ou bien qu’ils le sont après[2] : car on ne conçoit guère une société qui ait multiplié les échanges autrement qu’avec la monnaie. Le passage de l’un à l’autre régime peut être observé plus ou moins nettement pour tous les peuples du moyen âge. Mais Hildebrand voulait une classification tripartite : aussi, après l’économie monétaire, prédisait-il une économie fiduciaire ou Creditwirthschaft, dans laquelle la monnaie devait être remplacée par les papiers de crédit. Par malheur pour Hildebrand, ce dernier terme de la trilogie a été repoussé, même en Allemagne, entre autres par Knies et Wagner, de la même école historique cependant.

À vrai dire, Roscher les avait déjà tous précédés[3]. Roscher avait donné, dès 1843, son Plan d’un cours de science politique d’après la méthode historique[4], suivi en 1854 des Principes d’économie nationale[5].

  1. Die Nationalœkonomie der Gegemvart und der Zukunft.
  2. Dans les Iahrbücher fur Nationalœkonomie, 1864.
  3. Roscher (1817-1894), professeur à l’Université de Goettingen de 1843 à 1848, puis à celle de Leipzick de 1848 jusqu’à sa mort.
  4. Grundriss zu Vorlesungen über die Staatswissenschaft nach geschichtlicher Methode.
  5. Grundlagen der Nationalœkonomie, 2e édit., 1857.