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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/107

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forte et simple sont dans une parfaite harmonie. À la promptitude de son esprit répond la vivacité de son caractère, et la fermeté de sa pensée n’a d’égale que la fermeté de sa conduite.

Cette concordance parfaite achève d’expliquer la grandeur et les fautes de Calvin. Comme il ne sut pas douter, il ne sut pas non plus hésiter. Il marcha toujours à son but, n’écoutant que sa conviction, et ne ménageant ni les intérêts des autres ni les siens. Est-il inspiré par ce qu’il y a de plus noble dans ses sentiments, il devient étonnant d’héroïsme. Il est grand lorsque, au moment où chancelle son empire, il ose excommunier Berthelier ; lorsqu’il refuse de lui donner la coupe, et préfère un second exil au sacrifice d’un seul principe ; lorsque, pendant deux années de lutte ouverte, il réclame sans cesse les droits inaliénables du consistoire, et ne se repose qu’après avoir vaincu. Il est grand surtout, lorsqu’il exprime, avec l’énergique accent de la foi, les convictions chrétiennes dans lesquelles il puise sa force. Peu lui importent les revers. Il a confiance en son Maître et il sait que cette confiance ne le trahira pas :

Je sais bien, écrit-il aux églises du Languedoc, au plus fort de la guerre civile, je sais bien, quand tout sera ruiné et perdu, que Dieu a des moyens incompréhensibles de remettre son église au-dessus, comme s’il la ressuscitait des morts, et c’est là où il nous faut attendre et reposer, que, quand nous serions abolis,