Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturellement confiant, optimiste, pénétré de l'idée qu’il y a du bon partout, et que, si ce monde n’est pas le meilleur des mondes possible, tout cependant n’y va pas pour le plus mal. Que si, comme le prétendent quelques philosophes moroses, insensibles aux charmes des doctrines éclectiques, elles conduisent à ce même scepticisme, solennellement condamné par leur avocat le plus brillant et le plus habile, ce ne peut être qu’à leur corps défendant, et de la même manière que les bonnes intentions conduisent au chemin de l’enfer. Bref, M. Cousin reconnaissant dans Pascal un allié de Montaigne,

Pousse au monstre, et d’un dard lancé d’une main sûre. Il lui fait dans le flanc une large blessure.

Heureux Pascal ! Son œuvre a réussi bien au-delà de ses espérances. Il voulait amener les hommes captifs à l’obéissance de la foi : deux siècles s’écoulent, et la philosophie elle-même lui reproche de n’avoir pas assez cru.

La flèche de l’éclectisme avait frappé Pascal en pleine poitrine. On crut quelque temps le cœur atteint : plus tard on s’aperçut que le fer avait à peine pénétré. Toutefois Pascal chancelait encore de sa blessure quand parut la première édition exacte et complète des Pensées, l’édition de M. Faugère. Mais le nouveau Pascal devint aussitôt l’occasion d’un nouveau combat. Ce n’est pas une restauration,