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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/14

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c’était pour leur annoncer les progrès ou les revers, pour leur apprendre les nouvelles de l’œuvre commune, autant que pour jouir des charmes de l’intimité. Les vrais journaux de l’époque sont donc dans les lettres de ces grands hommes. Voilà ce qui en fait l’importance historique.

Aussi, en livrant à la publicité les lettres de Calvin, M. Bonnet a-t-il rendu un grand service à la science ; mais il a de plus payé une vieille dette d’honneur de la Réformation, puisqu’il a satisfait au dernier vœu de Calvin. Qu’il achève donc l’œuvre qu’il a commencée. Après les lettres françaises, nous attendons les lettres latines, dont le recueil, publié en 1575, est fort incomplet. Je n’ai qu’un regret : c’est qu’on n’ait pas fondu en une seule ces deux publications. On a pensé, dit-on, en détachant les lettres françaises, à l’édification des chrétiens. Je crains, comme l’ont déjà fait remarquer des juges plus compétents, que ce ne soit un sacrifice mal entendu de l’intérêt scientifique à l’intérêt religieux. Les lettres de Calvin sont un monument historique. C’est ainsi qu’il fallait les envisager, sauf à en faire plus tard un choix pour servir à l’édification.

Mais je n’insiste pas sur ce détail. Je veux parler de Calvin lui-même ; je veux étudier en lui l’homme, l’écrivain et le penseur. Peut-être me demandera-t-on si l’on peut en dire quelque chose de nouveau après tant de critiques distingués, Mignet, Bret-