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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/166

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logien que d’un homme et d’un artiste. Pour lui, défendre une cause, ce n’est pas simplement exposer les motifs sur lesquels elle fonde son droit ; c’est toute une œuvre de stratégie qui demande des ménagements infinis, une habileté consommée à profiter des accidents du terrain et des points faibles de l’adversaire, à employer tour à tour et au juste moment l’autorité et l’adresse, à mettre en œuvre toutes les ressources de l’attaque et de la défense, jusqu’à ce que la cause soit gagnée et gagnée sans retour. Pascal est un grand tacticien. C’est un trait de son génie que les deux volumes de M. Astié ne font guère ressortir.

Un juge compétent, doué d’un sens critique très fin, M. le professeur Vulliemin, après avoir, il y a quelque temps déjà, analysé l’ouvrage de M. Astié, concluait ainsi :

Il nous semble, s’il était encore au milieu de nous, voir M. Vinet, l’interprète le plus intelligent et le plus sympathique qu’ait encore eu Pascal, sourire à cette édition qu’il a inspirée, et que M. Astié a consacrée à sa mémoire bénie : « On m’a pris mon Pascal », disait-il en parlant de je ne sais laquelle des éditions qu’il a connues ; « Pascal, dirait-il, s’il avait celle-ci en main, mon Pascal m’a été rendu. »[1]

Vinet parlerait-il vraiment ainsi ? J’ai peine à le croire. Il serait heureux sans doute de voir Pascal

  1. Revue chrétienne, novembre 1857.