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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/175

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suite admirable de conséquences, qui prouve la distinction des natures matérielle et spirituelle, et en faire un principe ferme et soutenu d’une physique entière, comme Descartes a prétendu faire…

Tel dira une chose de soi-même sans en comprendre l’excellence, ou un autre comprendra une suite merveilleuse de conséquences qui nous font dire hardiment que ce n’est plus le même mot, et qu’il ne le doit non plus à celui d’où il l’a appris qu’un arbre admirable n’appartiendra à celui qui en aurait jeté la semence, sans y penser et sans la connaître, dans une terre abondante qui en aurait profité de la sorte par sa propre fertilité.[1]

On peut appliquer le même raisonnement, sauf à atténuer la force de quelques termes, à Pascal et à l’école moderne qui croit relever de lui. Refusera-t-on à M. Charles Secretan, par exemple, et à son livre sur la méthode, le mérite de l’originalité, parce que deux cents ans auparavant Pascal a essayé une apologie chrétienne reposant en partie sur la conscience ? Ce serait à peu près aussi juste que si l’on faisait de Descartes un plagiaire de saint Augustin. On peut dire les mêmes choses sans les posséder de la même sorte. Il y a une grande distance entre celui qui, pour mieux établir la vérité du christianisme, place dans le nombre de ses preuves le témoignage de la conscience, et celui qui regarde ce témoignage comme la seule preuve décisive, qui élève cette idée à la hauteur d’un principe, et, par

  1. Pensées de Pascal, édit. Astié, II, p. 38-40.