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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/197

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craindre que cette redoutable argumentation ne retrouve tout à coup sa force accablante, quand viendra l’heure d’envisager en face le dénouement inévitable, l’acte sanglant de la comédie. Quiconque a jamais dérobé un instant au tumulte des affaires, pour le passer avec soi-même dans le secret de l’intimité, n’appellera pas chimérique ce grand et lugubre tableau. Si la légèreté nous éloigne de Pascal, une demi-heure de pensée sérieuse suffit à nous y ramener.

III

Nous avons reconnu que le portrait de l’homme, tel que l’a tracé Pascal, n’a pas encore vieilli. L’enfant du dix-neuvième siècle, pour peu qu’il y regarde de près, doit s’y reconnaître. Mais l’œuvre de Pascal ne se résume pas tout entière dans ce remarquable tableau. Ce n’en est que la préface, c’est la base sur laquelle doit s’élever l’édifice, et, quoique fondé sur le roc, l’édifice peut crouler, s’il est mal construit. Voyons si le temps en a commencé la ruine.

Ici notre tâche devient plus difficile. Pascal n’a pas terminé son grand ouvrage. Peut-être dans sa pensée même était-il encore inachevé ; peut-être,