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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/206

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Pascal n’a traité nulle part, d’une manière formelle, la question difficile des rapports de la foi et de la raison. Souvent il a l'air de vouloir anéantir la raison pour faciliter le triomphe de la foi ; souvent il prête le flanc aux attaques de ceux qui ne pensent pas que la meilleure préparation pour croire en Jésus-Christ soit de ne croire à rien, qui ne veulent pas que de tous les chemins qui conduisent au Calvaire le plus sûr et le plus court passe au pied du château de Montaigne ; et cependant le but avoué, et les grands traits de son œuvre contredisent cette interprétation. Ce même Pascal qui, s’il faut prendre à la lettre certains mots audacieux, veut, par droit de conquête, faire régner la foi religieuse au détriment de la foi philosophique détrônée, entreprend de fonder une philosophie qui ne s’anéantisse pas, mais qui s’accomplisse par la religion.

Pascal n’a pas étudié d’une manière plus rigoureuse la question non moins difficile de la portée et de la justesse des facultés de l’esprit humain ; mais dans le peu qu’il en a dit on peut signaler une contradiction semblable. Cette seconde question domine la première ; si Pascal l’eût traitée à fond, nous aurions la clef de son livre : ici encore son dernier mot nous manque. Nous voyons qu’il cherche la dignité de l’homme dans la pensée, et pourtant le flambeau de la raison lui paraît aussi pâle que vacillant. Jusqu’à quel point sa lumière peut-elle nous