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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/258

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néanmoins aux exigences de la presse quotidienne qui lui mesure le temps et l’espace : telle est la gageure que M. Sainte-Beuve a tenue pendant des années et des années, sans trace de fatigue. Le journal a été servi à souhait, jamais trop, jamais trop peu, toujours à temps, jamais rien d’ardu ni de précipité ; l’auteur cependant ne s’est point écarté des sévères conditions de son art ; il n’a fait que le plier à une forme nouvelle, courante et à la portée de tous.

Je n’ai pas à relever ici quelques-uns des défauts que l’on a reprochés à tort ou à raison aux Causeries du lundis, et qui reviennent pour la plupart à des péchés de complaisance. M. Sainte-Beuve s’en est expliqué assez franchement ; il ne tient qu’à nous de deviner entre les lignes. Le temps me manque également pour m’arrêter à la tentative hardie par laquelle il a voulu donner un attrait de plus aux Nouveaux lundis, celui de la libre et franche discussion des contemporains, amis ou ennemis — tentative plus facile pour les ennemis que pour les amis, comme l’événement l’a prouvé. — Je prends l’ensemble, et je le trouve bien caractérisé par l’auteur lui-même, lorsqu’il en a parlé comme d’une histoire naturelle des talents et des caractères. Il est exact, substantiel, il tend à classer en décrivant ; sa manière rappelle les méthodes de la science, et ce