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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/266

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familles ou de quelques groupes qu’ils étudient avec un soin plus minutieux, afin qu’il y ait au moins quelques sujets qu’ils aient traversé de part en part. L’instruction qu’ils y trouvent se reporte d’elle-même sur les sujets voisins. Dans quelque genre que ce soit, les plus savants ne sont aujourd’hui que ceux qui, avec une culture étendue, ont touché le fond sur un plus grand nombre de points. M. Sainte-Beuve en a plus d’un, de ces points où il a touché le fond, et le premier de tous, celui où décidément il est maître et peut en remontrer à chacun, est sans doute Port-Royal. Et ici l’analogie est facile à poursuivre entre ce qu’il a fait et ce que font à l’ordinaire les purs naturalistes. Port-Royal représente moins une idée ou une institution qu’un type de piété, lequel s’est varié selon le caractère de chacun de ceux qui aspirèrent à le réaliser. Les solitaires de Port-Royal forment une famille morale, et l’une des plus distinctes dont l’histoire fasse mention. M. Sainte-Beuve a voulu la connaître homme par homme ; il a recherché comment le type s’en était reproduit dans chacun ; il a noté toutes les variantes, toutes les déviations, et l’on peut dire qu’il y a trouvé le sujet d’une monographie comme on en fait en botanique ou en zoologie. Et c’est aussi pourquoi, au lieu de s’en tenir aux célébrités, ainsi que le lui auraient conseillé la plupart des hommes de lettres, il a tiré au grand jour une foule de noms obscurs et