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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/30

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publique. Ce n’était à vrai dire qu’une formalité. La réformation avait triomphé de fait ; il ne s’agissait plus que d’en régulariser l’établissement officiel. Pierre Caroli, docteur de Sorbonne, et Jean Ghapuis, dominicain de Genève, furent les champions du catholicisme ; Farel, Viret, Froment soutinrent la cause protestante. Ce fut une vraie déroute pour les catholiques, qui, au seizième siècle, n’eurent nulle part le bonheur de trouver un Bossuet pour les défendre. Pierre Garoli et Jean Chapuis donnèrent eux-mêmes l’exemple, et passèrent à l’ennemi. Le 8 août, Farel prêcha dans la cathédrale de Saint-Pierre ; le 27, le conseil abolit le culte catholique et établit dans Genève le culte nouveau d’après le rit de Berne et de Zurich. Genève était réformée.

Mais Genève n’était pas destinée à trouver la paix de sitôt. Cette seconde révolution ne devait pas être la dernière. Le parti religieux des Evangéliques se divisa comme le parti politique des Eidguenots.

Tous les Genevois avaient embrassé la Réformation, mais tous ne l’avaient pas fait dans le même esprit. Unis pour combattre la tyrannie papale, ils ne l’étaient pas pour accepter sérieusement la foi nouvelle avec ses conséquences pratiques. Les uns n’avaient secoué le joug des prêtres que pour le remplacer aussitôt par celui d’une austère discipline religieuse ; les autres n’avaient songé qu’à se débarrasser de toute espèce de frein. Les uns avaient