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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/347

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Wilhelm Schlegel manquait d’esprit philosophique et ne manquait pas d’effronterie ? Quelque petit critique, français, sans doute, qui aime à prêter aux autres les défauts qu’il a, et à leur refuser les qualités qu’il n’a pas. Ce petit critique français s’appelle Hegel.[1]

Je ne sais si les jeunes gens d’aujourd’hui se doutent du respect avec lequel, il y a vingt ou trente ans, on abordait pour la première fois ce dernier des grands philosophes allemands. On faisait son deuil des grâces légères, on sacrifiait sans regret jusqu’à l’art enchanteur de ces dilettantes qui s’appelèrent Socrate ou Platon, pour se trouver en présence d’un homme qui semblait mettre sa gloire à ne savoir qu’une chose, penser.

Si quelqu’un peut nous apprendre ce que c’est que la comédie et sur quels principes nous devons juger Molière, ce sera lui sans doute. Il se donne en effet quelque peine pour nous l’apprendre ; mais je ne me flatte pas de rendre accessibles à tous les enseignements d’un homme tel que Hegel. Je ferai de mon mieux, surtout je ferai court.

Hegel établit, coname Schlegel, l’opposition de la tragédie et de la comédie. Elle fait partie de son système d’antithèse et de synthèse : c’est une des mille manifestations de la loi de contradiction qui

  1. Voir l’introduction de son cours d’esthétique