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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/362

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et dans les productions des arts ». Il est vrai qu’il nous arrive sans cesse, en regardant un tableau ou en lisant des vers, de ressentir une impression en quelque sorte immédiate et de l’exprimer aussitôt sous la forme d’un jugement. Mais il est très douteux que la réflexion n’y soit pour rien. Une idée aussi peut naître instantanément dans notre esprit, et toute idée renferme un commencement quelconque de réflexion. Il y a de la réflexion dans le seul phénomène de la parole ; il y en a tout un trésor accumulé dans notre mémoire, et chacun sait combien nos souvenirs influent sur les impressions du goût. Mais le goût est-il réellement une faculté à part ? La psychologie moderne va-t-elle donc reprendre à son compte les errements de l’ancienne physique, et faire jouer aux facultés un rôle analogue à celui que les fluides jouaient autrefois ? L’esprit se souvient, vite une faculté ; il imagine, une faculté ; il abstrait, une faculté ; il juge, une faculté ; le goût prononce, une faculté ; la conscience parle, une faculté ; le naturaliste observe, une faculté ; le somnambule rêve, une faculté…

Mais au nom des dieux, je vous prie,
Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?

Quand vous aurez fait de l’homme un fagot de facultés, en sera-t-il plus facile à comprendre ? Ne voyez-vous pas que ce mot de faculté est un de ces signes