Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas cette restriction, sa tâche étant justement de comprendre ce genre que Schiller condamnait. Retrouver le passé, le faire revivre tout entier, le ressusciter à nos yeux : voilà le triomphe de l’intelligence critique. Belle œuvre, qui est poésie aussi !

En s’appliquant à regarder, la critique historique a mis à néant toute une littérature faite de parallèles alambiqués et de rapprochements factices, qui, malgré de grands airs d’importance, n’a jamais produit que des puérilités, telles, par exemple, que le long enfantillage de la querelle des anciens et des modernes.

Parce que Racine et Euripide ont fait l’un et l’autre une Iphigénie, on les traitait comme deux écoliers en rhétorique, qui auraient paraphrasé le même motif, et l’on mettait en regard leurs compositions pour savoir lequel des deux s’en est le mieux tiré. On notait les différences et l’on penchait, selon les cas, pour l’un ou pour l’autre. Il est fort utile de les noter, en effet, mais pour en chercher les causes et mesurer la distance infinie qui sépare des œuvres en apparence analogues. Les croisements de sang, fruits ordinaires de la conquête, la dispersion de certains peuples, l’asservissement de quelques autres et l’effort de leur réaction contre le malheur, la formation de nationalités nouvelles, l’émulation que des rapports toujours plus étroits ont établie entre les diverses races humaines : voilà les maîtres de