Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’excommunication, Calvin avait encore été confronté avec Servet ; mais dès l’entrée de la séance, Servet demanda que les débats oraux fussent remplacés par une discussion écrite. Le tribunal y consentit, et Calvin produisit aussitôt trente-huit propositions tirées des livres de Servet, qu’il déclarait blasphématoires et répugnantes à la parole de Dieu et au consentement de toute l’Église. Servet ne tarda pas à répondre d’une manière hardie, ne déguisant en rien sa doctrine, et accusant Calvin d’être disciple de Simon-le-Magicien :

Tu es un misérable, s’écrie Servet, si tu poursuis à condamner les choses que tu n’entends point. Penses-tu étourdir les oreilles des juges par ton seul aboi de chien ? Tu as l’entendement confus, en sorte que tu ne peux entendre la vérité. Misérable, tu ignores les principes des choses ; étant abusé de Simon-le-Magicien, tu nous fais troncs de bois et pierres en établissant le serf arbitre.

Calvin répliqua par un long mémoire, qui fut signé par tous les pasteurs de Genève. Il concluait ainsi :

Quiconque pèsera bien les choses et les considérera prudemment, pourra clairement voir que Servet n’a eu autre but, sinon d’éteindre la clarté que nous avons par la Parole de Dieu, afin d’abolir toute religion.

Cette pièce fut remise à Servet, qui y fit quelques annotations marginales :

Vous avez tous assez crié jusqu’ici, disait-il, et vous êtes une grande foule de signataires ; mais quels pas-