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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/60

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traînée par les sévères avis des églises suisses, fit cause commune avec les disciples déclarés de Calvin. Servet fut condamné à être brûlé le lendemain sur la colline de Champel. Calvin fit une démarche inutile pour que le supplice du feu fût remplacé par le supplice du glaive.

Alors survint le plus impétueux de tous les ennemis de Servet, Farel, qui ne voyait qu’une admirable dispensation de la Providence dans l’arrivée de l’hérétique à Genève :

J’espère, écrivait-il dès le 8 septembre à Calvin, que Dieu inspirera à ceux qui savent si bien punir les voleurs et les sacrilèges, une conduite qui leur vaille dans cette affaire de justes éloges, et qu’ils feront mourir l’homme qui a persévéré avec tant d’obstination dans ses hérésies, et qui a perdu un si grand nombre d’âmes. Ton désir d’adoucir la rigueur du supplice est un service d’ami rendu à celui qui est ton plus mortel adversaire ; mais je te prie d’agir de manière à ce que personne ne songe plus à publier de nouvelles doctrines et à tout ébranler impunément, comme l’a fait Servet.

Farel aspirait à l’honneur d’accompagner Servet au supplice. Il était auprès de lui, le 27 octobre au matin, quand la sentence lui fut notifiée. A l’ouïe de cette irrévocable condamnation, Servet se frappa la poitrine en criant : Misericordia ! misericordia ! Puis, s’interrompant tout à coup pour s’adresser à Farel, qui cherchait à le convertir à la vraie doctrine, il le défia de citer un seul passage convaincant.