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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/84

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de sa liberté. Ils ont toute l’efficacité qu’il leur a donnée, et ce n’est pas à nous à lui demander pour-quoi il a voulu que la prière et l’exhortation fussent les leviers dont dispose sa puissance.

Si l’on objecte encore que dans ce système toute responsabilité morale disparaît, ou qu’il est injuste de punir des êtres qui ne sont que de misérables instruments et ne font rien par eux-mêmes, Calvin rappelle aussitôt la distinction dont nous avons parlé entre la contrainte et la nécessité. Les œuvres de l’homme sont nécessaires, sans doute ; mais il n’est pas contraint. Il n’agit que par sa volonté. S’il fait le mal, il veut le faire, et c’est pour cela qu’il est puni. Au reste, Calvin reconnaît qu’il y a ici un profond mystère ; mais ce mystère se retrouve d’un bout à l’autre de sa doctrine ; c’est celui auquel tous les autres se rattachent, celui qui les explique et les comprend. Si au fond de son système il reste une énigme, c’est le cas de tous les systèmes ; c’est la limite de la science humaine.

Que si enfin on demande pourquoi Dieu a choisi ce plan singulier ; pourquoi il a voulu que l’histoire de l’humanité aboutît à ce triste dénouement, Calvin s’étonne qu’on demande le pourquoi des volontés de Dieu. C’est une curiosité coupable. Est-ce à l’homme à sonder les décrets du Maître ? Est-ce au vase de terre à s’insurger contre le potier ?

Cependant la curiosité humaine ne se laisse pas