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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/90

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à côté de ce qui est éternel, ou, pour employer les expressions de Calvin, pourquoi Dieu a créé le monde. Ces deux problèmes, nous l’avons dit, n’en font qu’un. On ne peut répondre à cette dernière question qu’en refusant d’y répondre, et c’est ce que fait le philosophe, quand il dit : « Dieu a créé le monde, parce qu’il l’a voulu. » — Cette réponse ressemble à celle que font parfois les enfants, et qui a l’avantage d’être plus courte, parce que. Mais son mérite est de ne rien signifier, car si elle précisait en quoi que ce fût, elle serait sûrement fausse. C’est la meilleure de toutes, parce que ce n’en est pas une, tout comme la seule définition de Dieu qui ait quel-que valeur est celle qui ne le définit pas.

La science humaine ne saurait aller plus loin que ne vont les facultés de l’homme ; il faut donc que le savant aussi bien que l’ignorant renonce à pénétrer ce mystère ; il faut que la philosophie se dépouille du titre orgueilleux de science de l’absolu, car il n’y a pas pour un être borné de science de l’absolu. Il faut que, sans en chercher le pourquoi, elle accepte comme un fait l'existence simultanée du fini et de l’infini. Sa tâche ne va pas au-delà de ce mystère ; elle commence à partir de ce fait. Ce fait étant le plus simple, le plus élémentaire et en même temps le plus universel de tous, celui qu’on retrouve dans tous les autres, la philosophie en le reconnaissant, pose son premier principe, celui autour duquel tout