Aller au contenu

Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entraîne après lui. Il ne faut qu’un point d’appui au levier de sa logique, et il est sûr de la victoire. Il eut le secret de ce procédé simple et tout particulièrement propre à frapper les espiits indécis. Servet en fit l’expérience ; il ne sut pas toujours échapper aux tenailles de la logique de Calvin.

A tout prendre, nous préférons cette audace dans la logique, ce système effrayant, mais conséquent, à ces termes-moyens qui ne servent qu’à multiplier les questions sans en résoudre aucune, pauvres oreillers de sécurité, sur lesquels les esprits faibles aiment à dormir en paix. Nous aimons à voir avec quelle vigueur et quel succès Calvin réfute ceux qui se retranchent derrière l’idée d’une permission divine, et ceux qui affectent d’atténuer la providence de Dieu pour la réduire à n’être qu’une simple prescience.

Cependant ce n’est pas assez qu’un système soit conséquent ; il faut encore, si possible, qu’il soit vrai, c’est-à-dire qu’il tienne compte de tout et rende raison de tout. Or, il est clair que le calvinisme ne tient pas compte de tout ; dès lors il ne peut rendre raison de rien. Calvin a beau faire ; il n’effacera jamais, au fond de la conscience humaine, le sentiment de la liberté. Je me lève et je marche ; c’est assurément parce que j’ai voulu me lever et marcher. Si je m’arrête, c’est encore parce que j’ai voulu m’arrêter. Nul ne me persuadera que je n’aie