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que, sur un signe de lui, ses soldats doivent tuer jusqu’à leurs pères, on crie : « hurrah ! ». S’il dit que l’Évangile doit être répandu à coups de poing ganté de fer : « Hurrah ! ». « Hurrah ! » encore s’il ordonne aux troupes qu’il envoie en Chine de ne pas faire quartier. Et, au lieu de l’enfermer dans une maison de correction, on vogue vers la Chine pour exécuter ses ordres.

Ou bien, c’est Nicolas II, de nature pourtant modeste, qui commence son règne en déclarant à des anciens, hommes vénérables, que leur désir de gérer leurs propres affaires comme ils l’entendent n’est qu’un rêve insensé. Et les journaux qu’il lit, les hommes qu’il voit, l’approuvent et exaltent ses vertus. Il propose un projet de désarmement universel, enfantin et illusoire, et, en même temps, il augmente le nombre de ses soldats ; pourtant, on ne tarit pas d’éloges sur sa sagesse et sur ses vertus. Il offense et martyrise, sans nulle raison et sans la moindre nécessité, tout un peuple, les Finlandais, et il n’en est pas moins loué. Il organise enfin un carnage insensé en Chine et cela en opposition avec son propre projet de paix universelle ; pourtant, on vante de toute part et ses triomphes sanguinaires et sa fidélité à la politique pacifique de son père.

Aussi, doit-on se demander ce qui se passe dans la tête et dans le cœur de ces hommes ?

On peut dire que l’oppression des peuples et l’iniquité des guerres ne sont le fait ni des Alexandre, ni des Guillaume, ni des Humbert, ni des Nicolas, qui organisent ces meurtres, mais bien de ceux qui les ont placés et les maintiennent dans la position de dispensateurs de la vie humaine.