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Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/136

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s’étirant dans la cour déserte des fermes. Vers le soir, les fumées des feux de broussailles traînaient sur les champs comme des chenilles blanches.

Aline éprouvait qu’il est quelquefois tellement difficile de vivre qu’on aimerait finir tout de suite. On ferme les yeux et on se laisse aller comme la feuille dans le ruisseau. Mais elle songeait : « Ce n’est pas possible que ce soit pour toujours. » Elle séchait ses larmes et relevait la tête.

Un matin, la petite infirme mourut. Elle était dans sa charrette à roues de bois comme d’habitude ; à midi, on la trouva froide ; elle était morte sans personne, on n’avait rien entendu, elle n’avait pas même bougé. Et on dit : « Comme ça se fait ! Enfin, à présent, au moins elle ne souffrira plus. » Mais Aline comprit que c’était un signe pour elle.