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Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/162

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elle se remettait à coudre, pendant qu’on allumait la lampe.

Elle n’avait personne pour la plaindre. Il y a des paroles qui font du bien comme l’huile sur les brûlures. Elle n’avait que le silence. L’estomac lui faisait toujours bien mal. Il lui était venu aussi des taches jaunes le long du nez et un goût amer sur la langue. Ses joues étaient comme du papier sale. Elle avait tellement vieilli qu’on ne l’aurait pas reconnue. Et son ventre était devenu si gros qu’elle était effrayée de le voir.

Vers la fin du mois, il gela. Les glaçons pendaient en longues barbes blanches aux fontaines. On entendit les sabots des vaches, sonner sur la route durcie. Aline toussa davantage, couchant dans une chambre sans feu. Ensuite elle eut des engelures. Ses doigts étaient si gros et