Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/192

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s’il est ainsi. C’est pas pour moi, c’est pour lui, quand on le voit comme il est là. Ah ! mon Dieu. » Ses doigts se crispaient comme pour griffer et ses dents grincèrent. Elle aurait voulu mordre. Elle répétait : « Ils m’ont fait trop de mal, ils m’ont fait trop de mal. »

Le plancher craquait sous ses pas. Henriette cogna à la paroi et dit :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien, répondit-elle.

Elle se rassit. La bougie coulait en se consumant. Henriette éternua ; et puis on n’entendit plus rien, elle s’était rendormie.

Minuit avait sonné. Tout à coup, Aline se mit à sangloter. Il se fit un grand cri dans sa tête : « Il est fiancé ! il est fiancé ! C’est fini. Ah ! le pauvre petit, il vaudrait mieux qu’il meure. Et moi… »

L’enfant remua dans son berceau. Sa