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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/20

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d’eau claire sous des cils qui furent bruns comme les cheveux et qui ont blondi à force de neige et de soleil. Quarante ans à peine, des narines singulièrement vivantes, mobiles, la bouche serrée sur une mâchoire énergique. À première vue, une espèce d’animal qui tranche sur les autres.

Pour tous ceux qui sont là et que douze heures de chemin de fer rendront demain à leur banque, à leur bureau, à leur thé-bridge, la neige, c’est l’inhabituel. L’air vif leur apporte une ivresse de bal masqué, qui se corse ici, dans le brouhaha diapré de la cabane aux cocktails.

À l’homme qui vient de parler, la neige est comme la mer au marin. Il connait la vie secrète de cet étrange élément, ni fluide ni solide, qui cache une complexité infinie sous son aspect monotone, de