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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/28

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en a gardé l’accent, qui n’attrapera jamais l’r américain. Par bonheur, il nasille : bien rasé, l’œil un peu canaille, le poignet mécanique pour secouer les gobelets… L’illusion est sauve. Le bar fera fortune.

Pourtant les concurrents ne manquent pas. Sur ce sol savoyard, fait pour les vaches et les sapinières, l’American Bar pousse comme le bolet. Dans l’un, qui s’illumine dès que la neige pâlit, la gérante brune qui porte ses cheveux en touffe sur la nuque, à la Spinelly première manière, danse au son du phonographe avec la caissière blonde et grasse. Mais — est-ce l’absence du barman ou celle du diffuseur ? — elles ont beau, l’une contre l’autre, pousser des hanches et des épaules les mesures d’un tango, l’atmosphère n’y est pas. C’est un bar pour familles. Les