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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/57

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serve et de surprises en papier verni. Devant la porte, des caisses empilées exhalent une odeur triste, crispée par le froid, une odeur de savon blanc et de morue.

Ce n’est qu’une place de bourg savoyard, faite pour les colporteurs, les assemblées de joueurs de boules, les foires. Mais c’est là que les bobs prennent le départ et la place villageoise est peuplée, ce soir, comme un carrefour parisien. Les phares de la six-roues Citroën s’allument et font brusquement reculer le clair de lune et les maisons, tandis que surgissent de l’ombre vingt paires de jambes. Un train de bobs s’organise pour la montée : la remorque automobile les halera le long de la route dure et brillante comme du sel gemme, où l’ombre des sapins jette çà et là une résille bleue.