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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/72

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pentes exposées au sud n’y tiennent plus. Elles ont commencé par se creuser de fissures et de rigoles — et cela serrait le cœur, de voir la neige se rider. Ce visage de vieille vierge, tout grimaçant comme s’il allait pleurer, après la splendeur hautaine qu’on lui avait connue…

Puis est apparue, par places, la toison roussâtre, courte et brûlée qui fait si bien comprendre que la terre est un fauve et que son pelage mue ; la mollasse détrempée, aux sphaignes couleur de rouille, s’est mise à vivre avec une incroyable avidité, à pousser un duvet d’herbe verte, de pâles fleurs jaunes et les petits cornets blancs et violets des crocus, à ras du sol.

Un vent tiède, écœurant, a précipité la débâcle. Plus une moucheture de neige aux arbres, partout des bruits de source et cette insolence des bourgeons… Ne laisse-