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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/75

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fleur, lorsqu’on plonge le nez dans le buisson animal des étamines. Regardez les bourgeons éclatés, leur fourrure jaune de frelons débordant d’un corselet de peluche grise : voilà d’où vient l’odeur.

À mesure qu’on s’élève, le soleil devient brûlant. C’est encore trop, sous ses rayons, d’une chemisette de linon fin. Pénétrer sous les sapins, l’étoffe mince collée à la peau, c’est comme si l’on passait sous la manche à air d’un paquebot : une vraie douche. Ha ! l’air pur et froid, enfin, l’alcool de neige, conservé à l’ombre des branches ! Mais un baume l’alourdit, une secrète essence huileuse : là aussi, les bourgeons roses et bruns, gluants de sueur résineuse, distillent leur encens.

Passé le dernier ravin, on arrive dans un cirque éblouissant dont il faut gravir les pentes. Neige et ciel. Comme il est