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Page:Ratel - 0degre cocktail.pdf/87

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douleur. Et d’autres dans la terre : les graines. Et d’autres sur les branches : les bourgeons. Et dans chaque cellule de la sève et du sang, et peut-être même dans la lumière, battait la pulsation avide et malhabile de la vie à son commencement. Et ce n’était pas gai. Le printemps n’est pas gai, pas plus qu’une naissance.

Alors, cet attrait de l’hiver, cette plénitude regrettée ? C’est le beau visage aux yeux clos du renoncement. L’hiver nous fait aimer la mort. C’est-à-dire, la mort physique, car la rigidité de ses formes inaltérables ne dessine pas la figure du néant, mais celle de l’éternité : une grandiose image de concentration spirituelle. Dans la montagne, plus que partout ailleurs, quand on a franchi les dernières zones de la vie sensible, et qu’on arrive au sommet nu où ne parvient plus la