Page:Ratel - La Maison des Bories.pdf/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIX


La chambre ou Isabelle achevait sa convalescence donnait sur un jardin de Neuilly, paisible, un peu étouffé, un peu triste. Trop de fusains et trop de lierre, mais un merle sifflait dans un marronnier.

La garde, assise près de la fenêtre, tricotait un passe-couloir au crochet, d’un rose abominable. Isabelle, les yeux fermés pour ne pas voir ce rose, rêvait toute éveillée qu’elle écoutait chanter la caille de l’aube dans les seigles des Bories.

Un pas précipité résonna dans le couloir. Isabelle sut qui venait là et son cœur se serra avant même que l’arrivant n’eût ouvert la porte.

— C’est moi, dit Amédée en jetant sa valise sur le parquet. Vous ne m’attendiez pas ?

Elle ouvrit les yeux, vit sa face hagarde, son linge fripé, jeta un cri, les mains en avant :

— Les enfants ?

— Justement. Nous allons en parler.

— Madame Yvonne, dit Isabelle d’une voix expirante en se tournant vers la garde, vous pouvez disposer de votre matinée. Revenez vers midi.

Mme Yvonne se leva, jeta un coup d’œil de blâme à « cet énergumène qui ne l’avait même pas saluée », ouvrit la bouche pour lui rappeler qu’une récente opérée avait besoin de ménagements, referma la bouche par degrés en considérant le visage de l’ « éner-