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Page:Ravaisson - De l’habitude, 1838.djvu/22

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II.

I. La conscience implique la science, et la science l’intelligence. La condition générale de l’intelligence, comme de l’existence, est l’unité. Mais dans l’unité absolument indivisible de la simple intuition d’un objet simple, la science s’évanouit, et par conséquent la conscience. L’idée, objet de la science, est l’unité intelligible d’une diversité quelconque. La synthèse de la diversité dans l’unité de l’idée est le jugement. La faculté de juger est l’entendement.

La science est donc dans l’entendement ; or, l’entendement a ses conditions auxquelles il assujettit la science.

La diversité est la matière et l’unité la forme de la quantité. Or, l’entendement ne saisit la quantité que sous la condition particulière et déterminante de la distinction des parties, c’est-à-dire sous la forme de l’unité de la pluralité, de la quantité discrète, du nombre. L’idée de la distinction des parties ne se détermine, à son tour, dans l’entendement, que sous la condition plus particulière encore de la distinction d’intervalles qui les séparent ; en d’autres termes, l’entendement ne se représente le nombre que dans la pluralité des limites d’une quantité continue. Enfin la continuité ne se laisse saisir par l’entendement que sous la condition de la coexistence. La quantité continue coexistante est l’étendue. Ainsi la quantité est la forme logique, scientifique de l’étendue ; et l’entendement ne se représente la quantité que sous la forme sensible de l’étendue, dans l’intuition de l’espace[1].

  1. Aristot., De mem., I : Νοεῖν οὐκ ἔστιν ἄνευ φαντάσματος. Καὶ ὁ νοῶν…͵ κἂν μὴ