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Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/151

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JOURNAL D’UNE DAME CRÉOLE


de honte à prononcer, tombèrent de mes lèvres. Jamais, je pense, repentir plus vif n’avait courbé une femme devant un prêtre, et toutefois une étrange ivresse se mêlait à mes remords. L’image de mon enfant me poursuivait : nue, impudiquement offerte, elle tendait à mes lèvres les roses naissantes de sa chair, et les délices maudites, jusque sous le crucifix de la pénitence, précipitaient les mouvements de mon cœur. Mais un sentiment tout autre vint m’agiter quand, jetant les yeux sur M. de la Pouyade, je le vis sourire et jouer négligemment avec une chaînette d’or qui soutenait son carnet.

Était-ce donc là l’effet que produisait sur lui ma confession ! Moi qui eusse rêvé l’éclat d’une sainte colère, une de ces pénitences sanglantes qu’imposait la primitive Église, à tout le moins de sincères reproches ! Cette indifférence de la part d’un prêtre me révoltait. Je fus encore plus choquée lorsque, pour me donner l’absolution, M. de la Pouyade leva une main où je vis, à l’annuaire, briller une améthyste, entourée de topazes. Je ne crois point qu’il ait le titre d’évêque, et l’eût-il, de semblables parures conviennent-elles à un ministre de Jésus-Christ ?

Je me relevai tout irritée.

— Enfin, mon père, lui dis-je, que dois-je faire pour prévenir de pareils retours ?

Il était parvenu à ne plus sourire et à se composer un grave visage.

— Que sais-je ? vous séparer d’elle, la marier…