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Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/168

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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

Et se tournant vers Dubousquens, elle ajouta :

— I n’en a pas ! I n’en a pas ! Dors touzou quand z’ai envie.

Figeroux rugissait, voulait la battre, mais elle riait aux éclats, collée à Dubousquens qui, la canne toujours levée, écartait le mulâtre.

— On vous a payé, dit-il, laissez-nous.

— L’autre m’a payé aussi, répliqua froidement Figeroux ; elle lui doit sa nuit.

À ce moment, des sanglots s’élevèrent et j’aperçus un homme qui pleurait. La lanterne de la galerie qu’on alluma soudain au-dessus de nous lui éclaira le visage : c’était Samuel Goring.

— Moi, dois nuit, moi, dois nuit, répétait Zinga furieuse, moi dois rien du tout. Ze vais lui parler tout de suite, à gros coçon.

En une minute elle fut devant nous. Je ne voulais pas qu’elle m’aperçut et je me cachai derrière un sterculia, mais c’était bien inutile ; elle était trop occupée de Samuel Goring, de Figeroux et de Dubousquens pour glisser un regard dans la galerie.

— Viens dire à toi, fit-elle, que Zinga veut plus toi, plus zamais !

Samuel Goring tomba à genoux, joignit les mains. Mais cette timidité de geste et d’attitude ne fit que provoquer chez Zinga des sarcasmes et des fusées de rire.

Gadé li ! disait-elle, li ka fé so benjoli. So dé wey ton pasé trou krab. (Regardez-le, regardez-le !