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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

sanskrit, est purement accidentelle (114). Dans tous les noms, les trois premières lettres sont la racine1. Or il n’y a point d’affinité entre elles. Il faut laisser dans l’indécision la question de savoir s’il existoit un rapport mythologique entre l’amaracus, dont les feuilles embaumées ceignoient les tempes d’Hymen, et le toulasî de l’Inde : ces deux plantes ont beaucoup d’affinité sous le point de vue botanique, si marjolaine est la traduction exacte d’amaracus.

L’une des cérémonies les plus remarquables qui ont lieu dans la solennité de la déesse indienne, est celle dont j’ai parlé ci-dessus, où l’on jette son image dans le fleuve. Les Pandits, que j’ai interrogés concernant son origine et sa signification, m’ont répondu qu’elle éioit prescrite par le Vêda, sans qu’ils sussent pourquoi : mais j’imagine que cet usage a rapport à la doctrine suivant laquelle l’eau est une forme d’Isouara, et par conséquent d’Isànî ; on représente même quelquefois Isânî comme la patronne de cet élément, à qui l’on restitue sa figure après qu’elle a reçu tous les honneurs qui lui sont dus sur la terre considérée comme une autre forme du dieu de la nature, mais subséquente au fluide primitif dans l’ordre de la création. Le culte des dieux et déesses des fleuves, l’hommage rendu à leurs eaux, et les idées de purification qui y ctoient annexées, ne sont point une preuve décisive d’un système primitif parmi les nations idolâtres, puisque les Grecs, les Italiens, les Égyptiens et les Hindous, ont pu, sans avoir de communication les uns avec les autres, adorer les divinités des grands fleuves qui leur procuroient le plaisir, la santé et l’abondance. Le docteur Musgrave a pensé que la force et la rapidité des grands fleuves faisoient supposer qu’ils étoient conduits par des dieux, tandis que les ruisseaux n’étoient protégés que par des déesses. Les faits combattent cette idée, comme presque toutes les conjectures des grammairiens fondées sur les genres des noms. La plupart des

a Il seroit aisé de prouver par des exemples, et d’établir par de bonnes raisons, que la racine est le plus souvent la syllabe ou les lettres du milieu des mots. (Labaume.)