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DE L’ITALIE ET DE L’INDE.

Vêdânta (158) est d’un ordre beaucoup plus relevé ; elle le représente comme une absorption totale dans la divine essence, qui cependant ne détruit pas le moi. Au reste, par la raison indiquée ci-dessus, je ne m’étends pas davantage sur cette idée de béatitude, et je m’abstiens de toucher à la doctrine de la transmigration, et à la ressemblance de l’école Vêdânta avec les écoles sicilienne, italienne, et l’ancienne académie.

2.° Le caractère mystique et élevé de Pan, comme personnification de l’univers, suivant l’idée de Bacon, établit une sorte de ressemblance entre lui et Crichna considéré comme Nârâyan. Pan joue divinement de la flûte, pour exprimer, nous dit-on, l’harmonie céleste ; il a ses Nymphes des pâturages et de la laiterie ; son visage est radieux comme le ciel, et sa tête illuminée des cornes d’un croissant, tandis que ses extrémités inférieures sont difformes et velues, symbole des végétaux que produit la terre, et des animaux qui en parcourent la surface. Or nous pouvons comparer ce portrait, en partie avec le caractère général de Crichna, le dieu berger, en partie avec la description que fait le Bhagavat de l’Esprit divin manifesté sous la forme de cet univers : à quoi nous pouvons ajouter l’histoire suivante, tirée de ce poème extraordinaire. Les Nymphes s’étoient plaintes à Yasôdâ que le petit Crichna avoit bu leur lait et leur caillé. Sa nourrice l’ayant réprimandé de cette indiscrétion, il la pria d’examiner sa bouche, où, avec une surprise très-légitime, elle vit l’univers entier dans la plénitude de sa magnificence.

On ne doit pas être étonné de trouver, en examinant de près, que les caractères des divinités païennes, tant mâles que femelles, se fondoient les uns dans les autres, et enfin dans un ou deux ; car on est, ce semble, bien fondé à penser que toute la multitude des dieux et des déesses de l’ancienne Rome et de la Vârânès (159) moderne, ne signifie que les forces de la nature, et principalement celles du soleil, exprimées de mille manières et sous mille noms différens.

J’ai essayé d’établir un parallèle suivi entre les dieux adorés par