Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
322
EXTRAIT D’UNE LETTRE

étendue de deux octaves, une note entière et toutes les demi-notes complètes dans la première octave, mais ayant de moins le g W et le b t>. Le musicien a dit, pour justifier cette omission, qu’il obtiendroit aisément ces notes en appuyant un peu fort sur les touches/# et a tt ; ce qui est très-vrai d’après la hauteur des touches : mais il a assuré que ce n’étoit point là une imperfection particulière à son instrument, et que tous les lins sont faits de cette manière. On n’emploie guère les cordes T, U, qu’à vide.

On tient le bîn sur l’épaule gauche ; la gourde supérieure repose sur cette épaule, et l’inférieure sur le genou droit.

On presse les touches avec la main gauche, en se servant principalement des deux premiers doigts. On se sert quelquefois du petit doigt pour frapper la note V ; on fait rarement usage du troisième : la main parcourt le manche avec beaucoup de rapidité. Les doigts de la main droite servent à frapper les cordes de ce côté. On n’emploie jamais le troisième doigt ; les deux premiers frappent les cordes sur le manche ; le petit doigt frappe les deux cordes^^a. Les deux premiers doigts de cette main sont défendus par un morceau de fil de fer placé à leur extrémité en guise de dé, quand le musicien joue avec force ; ce qui produit un son désagréable : mais lorsqu’il joue doucement, le son de cet instrument est singulièrement flatteur pour l’oreille.

Le style de musique employé sur cet instrument, est, en général, celui de la grande exécution. Je n’ai presque point trouvé d’air ou de sujet régulier. La musique paroît composée de passages détachés, dont plusieurs offrent beaucoup de régularité dans leur ascension et leur dégradation ; et ceux qu’on joue doucement, sont, pour la plupart, singuliers et agréables.

On frappe de temps en temps les cordes à vide, d’une manière qui, je pense, prépare l’oreille à un changement de modulation ; la plénitude et la beauté extraordinaires de ces notes y contribuent puissamment : mais je crois que l’oreille est toujours trompée dans

(a) Qui sont à droite du manche.