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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/146

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L’AVALANCHE.

le ferait un torrent débordé ; bien plus, par la fusion graduelle des neiges qui en formaient la couche inférieure, elle délaye tellement le sol que celui-ci se change en une boue molle, lézardée de profondes crevasses et s’affaissant sous son propre poids. Jusqu’à de grandes profondeurs, la terre est devenue fluide ; elle coule le long des pentes, entraînant avec elle les sentiers, les quartiers de roc épars et jusqu’aux forêts et aux maisons. Des pans entiers de montagne, détrempés par les neiges, ont ainsi glissé en bloc avec leurs champs, leurs pâturages, leurs bois et leurs habitants. Par leur entassement et la lente pénétration de leur eau de fusion dans le sol, les flocons de neige suffisent donc à démolir peu à peu les montagnes. Au printemps, chaque ravin montre clairement ce travail de destruction ; à la fois cascades, éboulis, avalanches, les neiges, les roches et les eaux confondues descendent des sommets et s’acheminent vers la plaine.