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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/162

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LA MORAINE ET LE TORRENT.

talus mal affermis. Qu’après une longue série d’années neigeuses, la masse du glacier se gonfle et s’allonge, il faut qu’elle reprenne ses montagnes de pierres et qu’elle les pousse un peu plus loin dans la vallée. Lorsque, plus tard, sous l’influence d’une température plus douce, d’hivers moins abondants en neiges, le glacier se fondra dans toute sa partie inférieure en laissant à vide la cuvette de rochers qui lui servait de lit, la « moraine » de blocs, délivrée de la pression qui la poussait en avant, restera isolée à une certaine distance du glacier ; derrière elle se montrera la pierre nue, polie, rabotée par le poids énorme qui s’y mouvait naguère, et recouverte çà et là de la boue rougeâtre produite par l’écrasement des cailloux et des graviers entraînés. Une autre moraine de débris entassés se formera peu à peu devant le talus du glacier.

Eh bien ! à des distances énormes en avant de la vallée, à des lieues et même à des dizaines de lieues, on remarque des traces indiscutables de l’ancienne action des glaces. Des plaines entières, jadis remplies d’eau, ont été graduellement comblées par les boues et les