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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/266

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L’ADORATION DES MONTAGNES.

ait écrit sa propre histoire d’une manière continue. Ses monts sacrés, au nombre de cinq, s’élèvent tous en des contrées célèbres par leur agriculture, leur industrie, les populations qui se pressent à leur base, les événements qui se sont accomplis dans le voisinage. La plus sainte de ces montagnes, le Tai-Chan, domine toutes les autres cimes de la riche péninsule de Chan-Toung entre les deux golfes de la mer Jaune. Du sommet, où l’on arrive par une route pavée et des escaliers taillés dans le roc, on voit, étendues à ses pieds, les riches plaines que traverse le Hoang-Ho, coulant tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre golfe, abreuvant de ses eaux des multitudes d’hommes plus nombreux que les épis d’un champ. L’empereur Choung y monta il y a quatre cent trente ans, ainsi que le rappellent les annales classiques du pays ; Confucius essaya de le gravir aussi, mais la montée est rude, le philosophe dut s’arrêter, et l’on montre encore l’endroit où il reprit le chemin de la plaine. Tous les grands dieux et les principaux génies ont leurs temples et leurs oratoires sur la sainte montagne ; de même aussi les Nuages,